mardi 18 août 2009

Je ne m'étonnerai plus de...

Parce que Valparaiso est et restera Valparaiso, une insondable mais délicieuse énigme à elle toute seule...
Je ne m'étonnerai plus de son architecture délurée et de sa multitude de maisons poussant un peu partout, de façon anarchique et défiant la palette du peintre et les lois de l'équilibre.

Je ne m'étonnerai plus des "micros" (bus) qui déboulent de partout et de nulle part à la fois, qui ne prennent pas les voyageurs dans des arrêts mais qui vont les chercher eux même à coup de klaxon, qui n'ont pas a même vision du dépassement et de l'angle mort que nous, MAIS qui me laissent toujours en vie alors que je crois ma dernière heure arrivée à chaque trajet.

Je ne m'étonnerai plus de jeter le papier toilette dans une corbeille à papier et non dans la cuvette pour cause de canalisations trop antiques pour accueillir tous les "déchets naturels" de la ville.

Je ne m'étonnerai plus d'aller recharger mon portable en pharmacie, à coté des boites de céréales et d'une publicité pour de nouveaux abonnements téléphoniques!

Je ne m'étonnerai plus de prendre les "ascensores" (funiculaires), des fois quand le courage d'escalader toute la côte jusqu'à la maison n'y est pas; et je ne me demanderai plus par quel miracle les mécanismes de ces petits bijoux du début du siècle sont toujours capables de supporter le poids de tant de personnes à la fois.

Je ne m'étonnerai plus de la quantité de chiens errants qui partagent les trottoirs de Valparaiso avec les passants pressés, tantôt s'offrant une petite sieste sur le paillasson d'une boutique ou se faisant le meilleur ami du "carrete" au petit jour, en mal d'un guide bienveillant pour lui montrer le chemin de son lit.

Je ne m'étonnerai plus de la variété incroyable d'uniforme existant chez les collégiens chiliens, ni du fait que dans un pays aussi machiste que le chili peut l'être, les jupes plissées des collégiennes puissent être si courtes.

Je ne m'étonnerai plus de me promener en permanence dans l'appart avec une boite d'allumettes sur moi, pour allumer le four ou la "calefacion" de la douche pour m'offrir de l'eau...tiède.

Je ne m'étonnerai plus de me lever le matin, de voir le Pacifique de ma fenêtre et que la première phrase de la journée me vienne en espagnol.

Je ne m'étonnerai plus de faire la "feria de la pulgas" (les puces) chaque dimanche et d'y trouver mille et un trésors dignes de la caverne d'Ali Baba, une paires de bottes en cuir, a coté de 3rouleaux de papier toilette, d'un couple de perruches, d'une caisse pleine de vis et d'écrous, d'un pin's de Lénine, des cactus, une panoplie de portables volés...

Je ne m'étonnerai plus de trouver "intéressant" le goût du mélange mayo-ketchup-guacamole-knacki qui font la célébrité du "completo" chilien.

Je ne m'étonnerai plus d'aller à la fac dans 4endroits différents de la ville, des fois même dans celle d'à coté et de trouver des salles de cours dans des bâtiments qui ont plus l'air de petits manoirs résidentiels privés que de bâtiments universitaires.

Je ne m'étonnerai plus que les jours de pluie à Valparaiso transforment les rues de la ville en torrents et eaux violentes; et que le plancher de ma chambre soit recouvert de toute une panoplie de tupperwares aux endroits où mon plafond est trop ancien pour être totalement imperméable.

Je ne m'étonnerai plus de voir des gamines de 17-18ans avec un bébé dans les bras et un autre en route.

Je ne m'étonnerai plus d'entrer dans un bar et d'y trouver une œuvre d'art à lui tout seul, avec des murs recouverts de toiles d'artistes de Valpo, un comptoir décoré de haut en bas d'articles de journaux et publicités anciennes et carrelage multicolore mais tout sauf assorti.

Je ne m'étonnerai plus de me faire proposer des barres de chocolat, pastilles à la menthe, stylos billes, journaux par des vendeurs à la sauvette à chaque voyage en micro.

Je ne m'étonnerai plus d'être en vêtements d'hiver en plein mois d'août et d'avoir aussi froid à l'intérieur qu'à l'extérieur des maisons car le chauffage ne fait pas partie des priorités locales.

Mais à dire vrai, je ne m'étonnerai plus d'être sans cesse étonnée par cette ville enchanteresse et son caractère inimitable, car que serait un voyage sans étonnement?

1 commentaire:

  1. Super ton article Marion, les petits et grands enchantements et désenchantements du Chili...
    =)

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